L’edelweiss suisse: du mythe alpin à la réalité cosmétique

“Maman, la maîtresse nous a dit que si on voit un edelweiss dans la nature on n’a pas le droit de le cueillir. Tu savais?”

C’est cette phrase de ma fille rentrant de l’école l’autre jour qui m’a inspiré pour cet article de blog.

J’aimerais faire la lumière sur ce symbole des cimes suisses qui fascine partout dans le monde et qui malheureusement est trop souvent utilisé à des fins marketings (pour ne pas dire à une tromperie du consommateur).

Cette fleur mythique des Alpes, incarne la pureté, la rareté, et dans l’imaginaire collectif, elle pousse uniquement au sommet des montagnes, là où seuls les plus téméraires osent s’aventurer.

Mais au risque de vous décevoir, l’edelweiss dont le précieux extrait est contenu dans votre cosmétique, n’a pas été ramassé par un druide avec sa faucille (coucou Panoramix), un petit sac en jute sur le dos au sommet du Cervin.

En réalité, cette fleur étoilée est bien moins sauvage qu’on pourrait le croire, surtout lorsqu’il s’agit de la mettre à disposition de l’industrie cosmétique.

Pour celà, parlons un peu de botanique.

 

Mont Cervin et edelweiss suisse

Une icône florale sous haute protection

L’edelweiss (Leontopodium alpinum) est une espèce protégée dans de nombreux pays alpins, dont la Suisse. Sa cueillette dans la nature est strictement réglementée, voire interdite.

Cette protection a été mise en place afin de préserver les populations naturelles de cette fleur fragile, autrefois menacée par la sur-cueillette touristique et botanique.



De la montagne à la crème : un chemin plus agricole qu’alpin

Le paradoxe, c’est qu’il y a un fort engouement des marques de cosmétiques autour de l’edelweiss.

Elle permet d’exporter un peu de la « pureté suisse » à l’étranger et de faire augmenter le prix final des produits, capitalisant sur la rareté de cette fleur.

Dans les faits cette fleur est aujourd’hui omniprésente dans les crèmes anti-âge, sérums, y compris dans les soins pour bébés où elle est vantée pour ses propriétés antioxydantes et protectrices.

Pourtant, l’edelweiss qui entre dans la composition de ces soins ne provient pas de hautes altitudes inaccessibles, mais de champs de cultures intensives, souvent en plaine ou en moyenne montagne.

 

L’edelweiss y est cultivé à grande échelle, comme le serait le tournesol ou la lavande dans des conditions contrôlées, à des fins industrielles.

Cette culture permet, comme expliqué plus haut, de répondre à la demande du marché sans menacer les populations sauvages. Éthiquement et environnementalement cela est plus souhaitable, en revanche celà casse le mythe de la fleur rare et inaccessible. Sorry…

fleur edelweiss nature suisse

Le marketing joue sur l’image, pas sur l’origine

Alors, comment tenter d’enjoliver cette culture bien rôdée ?

Les marques de cosmétiques capitalisent du coup sur l’image romantique de l’edelweiss: une fleur alpine rare qui surgie des neiges éternelles.

Peu de consommateurs savent que l’edelweiss de leur pot de crème a poussé dans des champs bien entretenus, parfois à quelques mètres d’une autoroute, loin des sommets vertigineux.

C’est pourquoi il me semblait important de parler de cette dissonance entre image et réalité car elle pose une question plus large sur le marketing de la nature : jusqu’où peut-on jouer sur l’imaginaire sans induire en erreur ? L’authenticité d’un produit réside-t-elle dans sa composition ou dans l’histoire qu’on raconte autour ?

De la transparence et du respect

L’idée n’est pas de discréditer l’edelweiss et d’appeler à cesser son utilisation. Pas du tout. Même cultivée, l’edelweiss reste une plante aux propriétés intéressantes et un ingrédient naturel.

Mais il est essentiel que les consommateurs soient informés de la provenance d’un ingrédient qui finalement ici pour l’edelweiss a une réalité plus terre-à-terre.

Chez Eliott&Eloée nous pensons qu’il est dans le devoir des marques d’informer les consommateurs sur les origines réelles des ingrédients, qu’ils soient synthétiques ou naturels. Et de promouvoir plus de transparence autour de leur approvisionnement.

Peut-être à l’avenir verrez-vous d’un autre oeil une crème, une gel douche qui en contiendra ?

 

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